Ma contribution à l’enquête publique sur le projet Oxylane
Ce lundi 27 octobre, j’ai rencontré le comissaire-enqêteur sur le projet Oxylane à saint-Clément de Rivière. je lui ai remis la lettre ci-dessous.
M. Christian DUPRAZ
Conseiller Général
Monsieur Léon BRUNENGO
Commissaire Enquêteur
Mairie
Avenue de Bouzenac
34980 Saint-Clément-de-Rivière
Montpellier, le 22 Octobre 2014
M. Le Commissaire-Enquêteur,
Je souhaite vous faire part de mon analyse du dossier qui est soumis à enquête publique sur le projet Oxylane à Saint-Clément de Rivière. Je suis le conseiller général du canton des Matelles, dont la commune de Saint-Clément de Rivière fait partie.
Je ne souhaite pas porter de jugement de valeur sur l’esprit du projet commercial porté par les promoteurs de ce projet. Il est respectable et correspond probablement à une demande du public.
J’ai cependant trois critiques importantes à formuler à ce projet, critiques que j’avais déjà porté à connaissance des promoteurs lors d’un entretien préalable.
L’accès au site Oxylane.
Etant vice-président de Hérault-Transports, je suis particulièrement sensibilisé à la problématique des déplacements. Je considère que tout aménagement commercial nouveau ne peut être réalisé que si une desserte efficace en transports collectifs permet d’accéder à la zone d’activité. Or, de ce point de vue, le site proposé pour ce projet est très mauvais. Ce site sera essentiellement accessible en voiture individuelle. Sa desserte par les lignes de Hérault-Transport ne pourra pas se faire dans des conditions normales d’exploitation, sauf à y consentir un coût que nos collectivités sont aujourd’hui bien incapable d’assumer.
Le sacrifice d’une coupure verte indispensable et hautement symbolique.
Quand vous quittez Montpellier par la Route de Saint-Gély (dite route de Ganges), le vallon de Fontfroide, où se situe le projet, et la première zone verte et agricole que vous rencontrez. Il marque à la fois la sortie de l’agglomération de Montpellier, et l’entrée dans la communauté de commune du Grand Pic Saint-Loup. Cette zone verte, agricole et forestière, est un marqueur important de notre territoire. En urbanisant cette zone, nous créerons un continuum construit depuis le coeur de Montpellier jusqu’au nord de la commune de Saint-Clément. Ceci est tout à fait dommageable, et contraire aux principes des trames vertes inscrit dans la loi Grenelle 2. Ce n’est que l’obsolescence prolongée du POS de Saint-Clément, et l’absence de SCOT approuvé tenant compte de la loi Grenelle 2 qui ont permis d’envisager l’installation de ce complexe commercial au cœur de la ceinture verte de Montpellier.
Une imperméabilisation des sols importante dans une tête de bassin versant sensible
Le dossier soumis à enquête reste évasif sur l’imperméabilisation finale des sols sur l’ensemble du projet, mais les promoteurs avaient évoqué la nécessité de disposer de 3 ha de parkings, en plus des surfaces construites et des routes à créer. Sera-t-il possible de créer des parkings filtrants, comme cela se fait maintenant partout où cette problématique de l’infiltration est cruciale ? Ce serait souhaitable, mais ce serait en même temps une menace pour les aquifères qui alimentent plusieurs captages importants. Du point de vue hydraulique, ce projet est bien mal situé en tête du bassin-versant de la Lironde dont la crue récente (29 septembre) a été spectaculaire et très destructrice. Les bassins de rétention prévus au projet auraient été bien incapables de stocker le ruissellement généré par des pluies qui ont à nouveau atteint localement 240 mm en quelques heures le 6 octobre.
Je suis également sceptique sur les effets positifs en terme d’emploi et d’activité induits par ce projet. Je crains que les destructions d’emplois de proximité ne viennent largement réduire l’impact positif escompté par certains élus locaux ou les promoteurs du projet.
En résumé, je souligne que pour moi, ce projet est très mal situé, et ne permet pas de s’inscrire dans une logique de développement durable (accès en voiture individuelle, sacrifice d’une coupure verte importante, risques aggravés de ruissellement et d’inondation en aval).
C’est pourquoi je souhaite que vous puissiez émettre un avis défavorable à ce projet dans vos conclusions.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Commissaire-Enquêteur, l’expression de mes salutations respectueuses.
Christian Dupraz
Conseiller Général des Matelles
Vice-Président de Hérault-Transports
Ingénieur Général des Ponts et des Eaux et Forêts
Docteur es Sciences en Hydrologie de l’Université d’Orléans